Wednesday, 24 July 2013

Fleurs et fruits (Flowers and Fruit)


Cette nature morte est de Victoria DUBOURG. C’est un genre qui va devenir important au XIXe siècle.

Né à Paris en 1840, Victoria DUBOURG passa une partie de son enfance à Francfort, en Allemagne. Elle rencontra Manet en 1860 avec lequel elle se lia d’amitié, ce qui inspira son premier tableau. Alors qu’elle copiait les chefs d’œuvre du Musée du Louvre, elle fit la connaissance de Henri Fantin-Latour, qu’elle épousa le 15 novembre 1876. Elle exposa au Salon des artistes français de 1869 à 1902. Elle fut également membre de la Royal Academy de 1882 à 1896. Elle fut nommée chevalier de la Légion d’honneur en 1920.

Jacques-Emile Blanche, critique d’art du XIXème siècle, a affirmé : « C’est une femme supérieure et peintre de mérite ». Victoria DUBOURG évoluait auprès de personnes de talents et fréquentait de nombreux artistes et écrivains. Toute sa vie, elle préféra garder ses distances avec les Impressionnistes. Elle décède en 1926.

Tout au long du XIXème siècle, trois gouvernements se succèdent : la monarchie constitutionnelle (Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe), la deuxième République et le second Empire de Napoléon III. Après la chute de celui-ci en 1870, et après une guerre difficile contre les prussiens, la France est gouvernée par la 3ème République.

La question du statut des femmes est soulevée par la révolution française, mais au XIXème siècle les hommes dominent encore les femmes. Chez les bourgeois, la femme s’occupe essentiellement de gérer le travail des domestiques, le travail des enfants et leur éducation religieuse. Chez les plus pauvres, les femmes sont demandées pour le travail en usine et dans les champs et accomplissent des travaux épuisants.

Deux catégories sociales s’affrontent alors : les riches bourgeois, propriétaires d’usine et de terres, et le prolétariat. En devenant l’une des rares femmes peintres de son temps comme Berthe Morisot ou Rosa Bonheur, Victoria DUBOURG ne se conforme pas aux us et coutumes de son époque.

Le principal mouvement pictural du XIXe siècle est l’Impressionnisme. Il représente souvent des scènes du quotidien, le mouvement, la lumière. Les peintres travaillent souvent en plein air. Paul Cézanne disait : « Peindre d’après nature, ce n’est pas copier l’objectif, c’est réaliser ses sensations… » ou encore « L’artiste ne perçoit pas directement tous les rapports ; il les sent… » ; « Il faut représenter les choses telles qu’on les voit en première impression… ». Sur ses toiles, l’artiste n’étale pas sa peinture, ce qui donne un effet dynamique à son œuvre. De plus, ce courant touche aussi la littérature et la musique. En peinture, nous pouvons citer : Monet, Manet, Cézanne et Renoir. En musique, il y avait Debussy, Ravel. Dans le tableau de DUBOURG, nous sommes face à une nature morte de style classique en opposition avec l’Impressionnisme. La peinture classique tend vers un idéal de perfection et de beauté à travers des sujets nobles. Les peintres cherchent à symboliser le triomphe de la raison sur le désordre des passions. La peinture classique porte à la méditation.

La nature morte est le genre préféré de Victoria DUBOURG. Située au bas de la hiérarchie des genres du XVIIe siècle (organisation d’un groupe de choses où chaque élément se trouve subordonné à celui qui suit), citée ci-après, elle a été décrétée par l’Académie de peinture en 1667 :
  • Peinture d'histoire
  • Portrait
  • Peinture animalière
  • Paysage, dans lequel les marines méritent une place à part en raison des connaissances techniques qu'elles exigent.
  • Nature morte de gibiers, poissons et autres animaux
  • Nature morte de fruits, de fleurs ou de coquillages

La nature morte ne représente pas l’Homme et ne représente presque jamais de choses vivantes. C’est un genre qui montre la Vie et la Mort. La nature morte hésite à être un exercice de style ou une leçon philosophique. Elle s’accroche à une justification religieuse ou morale. C’est une aide à la contemplation. Au XIXe siècle, cette hiérarchie disparaît suite à l’abolition du système académique. A travers ces différentes natures mortes, l’artiste veut montrer la trop courte durée de la vie. Etant donné que ces œuvres étaient essentiellement exposées chez des bourgeois, l’artiste veut leur rappeler qu’ils peuvent savourer les plaisirs de la vie avec facilité contrairement à la majorité de la population de l’époque qui était plus modeste.

« Fleurs et fruits » est une huile sur toile (60 x 50 cm). Le tableau fut donné par l’Etat au Musée Mandet en 1874. En bas à droite, nous pouvons voir trois pommes dans une coupelle blanche avec, derrière cet objet, un verre de vin rouge. Les pommes symbolisent la pomme d’Adam qui pourrait représenter l’origine de l’Homme. Le vin rouge a sans doute une signification religieuse : le sang du Christ, qui est là pour le salut des hommes. Les pommes et ce vin nous invitent à un rite Catholique essentiel : l’Eucharistie. Au centre du tableau, il y a un bouquet de fleurs composé de deux plantes différentes : les pensées en bas et les chrysanthèmes en haut. Les pensées représentent peut-être la vie terrestre, simple, éphémère. En haut, les chrysanthèmes (à l'époque, fleur associée à la gaieté) ne symboliseraient-elle pas la montée au Ciel, un accès au Paradis ? Les éléments du tableau forment un triangle qui symboliserai une ascension vers le Paradis. Le fond noir fait ressortir la luminosité des fleurs. La lumière éclaire surtout les chrysanthèmes. Le tableau est en fait très ordonné. On ne voit pas le support de tous ces objets; ils "flottent", ce qui ajoute à l'impression de fragilité.

Ce tableau est décoratif mais peut être compris comme un memento mori, un rappel que notre vie est courte. C'et aussi une oeuvre religieuse qui invite à la contemplation... Charles Sterling, spécialiste de la nature morte, explique : « Une authentique nature morte naît le jour où un peintre prend la décision fondamentale de choisir comme sujet et d'organiser en une entité plastique un groupe d'objets. Qu'en fonction du temps et du milieu où il travaille, il les charge de toutes sortes d'allusions spirituelles, ne change rien à son profond dessein d'artiste : celui de nous imposer son émotion poétique devant la beauté qu'il a entrevue dans ces objets et leur assemblage. » Ici, Sterling permet de nous laisser étudier ce tableau en montrant que toutes ces choses ne sont pas que de simples objets ; ils ont une signification spirituelle.

Sources :
Laveyrie-Dagen : Lois sur la peinture, Tome 1
Marie Josée Linou : À Table ! Les arts de la table dans les Collections du Musée Mandet de Riom, XVIIe-XIXe Siècles
Wikipédia : « Victoria DUBOURG » ; « Hiérarchie des genres » ; « Nature morte »
www.chevalets.net

Tuesday, 23 July 2013

Le défilé des gueux (The Procession of the Poor)


Le XIXème siècle est une période de profonds changements et d’instabilités politiques. L'onde de choc de la révolution française se prolonge jusqu’à la fin du XIXème siècle. L’héritage social et culturel de l’ancien régime est lourd. Là où il y a de l’argent, il y a du pouvoir. Dans cette société, une nouvelle classe apparaît, celle des ouvriers et le XIXème siècle est dominé par les bourgeois. C'est une époque où les pauvres mangent rarement à leur faim...

Le peintre de ce tableau est Alphonse Cornet qui était le fils d’un artisan riomois. Il a commencé à travailler en tant que peintre décorateur à Paris, il a fréquenté plusieurs écoles de dessin. Il peint des natures mortes puis des portraits, de la peinture d’histoire et l’allégorie. Un de ses tableaux les plus imposant et révolutionnaire à son époque fut « Le Défilé Des Gueux  ». Ce tableau est dans un style naturaliste; l'artiste a le souci de montrer la réalité (même si la scène n'est pas en fin de compte très réelle).

Ce tableau fut peint en 1886 et a été exposé au Salon la même année. La technique utilisée est l’huile sur toile ; c’est une peinture de grandes dimensions: 1,37m de hauteur sur 5,90m de longueur. 33 personnages défilent à l’horizontal  dans un décor dépouillé, devant un mur qui forme l’espace pour qu’il n’y ait pas de perspective. On établit un mouvement de la droite vers la gauche car tous les personnages s’y dirigent.

A droite il y a deux hommes porteurs de panneaux publicitaires, une marchande de limonade, un artiste peintre, un homme tenant deux petits chiots dans ses bras, un groupe de saltimbanques puis un vieux marin.

Au milieu, il y a une femme tenant son bébé dans ses bras. Elle est dépourvu de tout bonheur. Une autre femme pleure son enfant mort par terre.

A gauche on retrouve un homme accroupi sur sa planche à roulette, se tenant de ¾, la tête orientée en direction de la Vierge, puis un homme marche dans une attitude méditative, un homme en blouse avec un foulard noir, un chiffon portant une botte et un crochet puis vient toute une famille, un homme poussant une brouette, une jeune femme entourée de quatre enfants (le plus jeune sur son dos). Une femme en robe élégante portant un pot à lait, une autre qui transporte un petit arbre, un homme dos au mur qui nous fait face avec son maillot rayé. Devant, un livreur de charbon, et enfin, un couple âgé, un vieil homme s’appuyant sur sa femme et sa canne. On aperçoit également un gamin avec les mains en cornet qui est en tête du défilé. Puis un chanteur avec sa guitare qui semble inciter les autres à avancer.

Au-dessus de la femme qui ressemble par sa posture à la Vierge Marie est écrit : « AVE REGINA MISERI TE SALUTANT» qui signifie « SALUT REINE, LES MISÉRABLES TE SALUENT ». Sur les murs il y a des affiches où on peut lire, entre autre, l'ironique : « LA VIE JOYEUSE ».

La toile représente un défilé de personnes qui sont tous dans un état lamentable. Certains semblent fatigués, d’autres peuvent à peine marcher ; ils sont dans des conditions misérables. Ce tableau est gigantesque et c’est très rare pour un peintre de représenter des personnes de ce statut social dans un aussi grand tableau car, à l’époque, des tableaux de cette taille était uniquement réservés aux portraits de riches bourgeois. C’est très ambitieux de la part du peintre de donner autant d’importance à des gueux qu’à des bourgeois. Ce tableau nous montre comment était traité la classe ouvrière au XIXème siècle ; ce défilé nous montre une très grande diversité de personnes pauvres, certaines s’entraident pour avancer ; ils font preuve d’un immense courage car ils savent bien que ce voyage sera sûrement le dernier car ils sont épuisés, mourants, à bout de souffle…  On peut observer des cadavres dans la rue. Avec cette œuvre, Cornet souligne le courage, la combativité de ces pauvres face à la mort.

L’artiste s’est inspiré de différents poèmes évoquant les années sanglantes des années 1870 et la misère des travailleurs. Le peintre a peint cette œuvre pour dévoiler la pauvreté de l’époque.

Nous admirons le courage de Cornet et le message quasi révolutionnaire de cette oeuvre.

Le mangeur d’huître (The Oyster Eater)


Le mangeur d’huître date de la Renaissance Flamande qui est identique à la Renaissance Italienne. Cette renaissance est caractérisée par un renouveau pictural avec la découverte de la perspective et la révolution du portrait. Les peintres issus de la Renaissance Italienne les plus connus sont Michel-Ange et Botticelli. Les artistes flamands utilisaient à la fois de nouvelles techniques mais ils s’inspiraient aussi beaucoup de leurs ancêtres.

Durant la Renaissance Flamande, Anvers (située en Belgique actuelle) était le centre artistique de la région le plus important et le plus connu.

Le mangeur d’huître fut peint entre 1633 et 1635. C’est une huile sur bois qui mesure 71cm de hauteur et 53cm de largeur.

Le tableau fut crée par Jacob Adraensz Backer, né à Harligen fin décembre 1608. Il est mort le 27 août 1651 à Amsterdam. C’est un portraitiste situé dans la lignée de Rembrandt. Il aimait peindre des visages et des expressions très personnelles. Il est l’auteur de nombreuses peintures ayant pour thème la bible et la mythologie. Il était doué d’une très grande rapidité d’exécution ; il a réalisé plus de 140 peintures en moins de 20 ans. Il avait aussi une grande précision quand au dessin de matières nobles, de tissus et du corps humain.

L’homme est tourné un peu sur la droite. C’est un homme jeune, avec une chevelure abondante et très sombre, il possède une étoffe qui laisse nus son cou, ses bras et son épaule droite. Le personnage se détache d’un fond gris car le peintre à bien marqué les différences entre l’ombre et la lumière. Les ombres sont très marquées  et elle accentue le sourire un peu narquois du personnage. C’est une représentation très vivante des émotions humaines. L’homme regarde le spectateur, son visage est marqué par un regard qui invite. Il tient dans sa main une huître ouverte ; serait-il en train d’inviter le spectateur à consommer une huître avec lui ? Il y a indéniablement une allusion au sexe. Selon l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert, « les huîtres excitent le sommeil, elles donnent l’appétit, elles provoquent les ardeurs de Vénus, elles poussent les urines et elles nourrissent peu. » Cette peinture est une allégorie de la luxure et de la gourmandise. La satisfaction évidente du personnage, plutôt attachant, nous laisse cependant dubitatif en ce qui concerne l’intention moralisante de l’œuvre… Elle s’oppose aux préceptes religieux de l’époque.

Jacob était un peintre audacieux ; les néophytes verront un personnage amusant, mais les initiés verront un portrait charnel et provocateur.

Le déjeuner (The Meal)


Le déjeuner, de Floris Gerritz Van Schooten, XVIIe siècle, huile sur bois

On connaît très peu de choses sur la vie du peintre, si ce n’est qu’il fût doyen de la guilde de Saint Luc de Haarlem en 1639. Il peignit des scènes de marchés et des intérieurs de cuisine dans la tradition de Aertsen et Beuckelaer (peintres flamands très connus de l’époque). A la fin de sa carrière, il peignit aussi quelques Natures Mortes de fruits, mais il fut surtout connu pour ses très nombreux Déjeuners. Il signait du monogramme F.V.S.

Son art est le plus souvent austère avec des objets volontairement simples, des contrastes accentués, une rigidité de la composition. Sa peinture évolua vers une certaine monochromie, reposant sur des accords de bruns et de gris.

Ici, c’est une nature morte (ce triste nom n’apparaît qu’au XIXe siècle). On les appelées à l’époque « petits fruits » ou « déjeuner », d’où le nom de ce tableau. Ce tableau étant les apprêts d’un déjeuner de riche, nous pouvons voir que les éléments de gauche à droite prennent la forme d’une corne d’abondance. De plus, la variété d’aliments est rare pour l’époque. Le pain est symbole de vie et de richesse.

On peut également voir de la porcelaine de l’époque Wan-Li (Empereur chinois du XVIe siècle), importé en 1609, et très chère à l’époque.

Au premier plan, le manche du couteau lie l’espace du tableau et celui du spectateur. L’éclairage un peu gris et la parfaite régularité des formes ont quelque chose d’un peu dur, malgré la relative chaleur des cerises et de la fraise, et la présence lumineuse du beurre au centre du tableau.

La représentation de ce tableau est plus abstraite que sensuelle, contrairement au tableau le Mangeur d’Huîtres.Ce tableau n’est pas du tout une mise en appétit, mais une construction picturale savante visant à une apparente simplicité.

Van Schooten peignit beaucoup de tableaux du même genre. Il s’est même amusé à reproduire quasiment à l’identique ses propres natures mortes en inversant la place des éléments. Toutefois, n’oublions pas qu’à l’époque les natures mortes étaient très prisées et que c’était la meilleure façon pour un peintre de se faire connaître.

Dionysos, dieu du vin (Dionysus, god of wine)

Coupe attique à décors de banquet, figure rouge

Cette coupe attique représente une scène de banquet avec deux hommes à demi allongés sur des banquettes dont l’un tient une coupe. Cette coupe n’était pas utilisée au quotidien, elle servait uniquement pour les grandes occasions, c'est-à-dire les banquets. C’est une coupe originale grecque fabriquée vers 425-400 avant Jésus Christ. Ses anses sont à l’horizontale pour que l’on puisse jouer au cottabe, jeu qui consiste à faire tourner sa coupe remplie de vin la plus vite possible sans en faire tomber le contenu.

Les céréales sont à la base de l’alimentation grecque. La maza, galette de pain d’orge souvent servie avec des légumes leur sert d’assiette. Les grecs consomment beaucoup de laitages et préfèrent l’huile d’olive au beurre. Ils boivent des vins rosés ou blancs toujours coupés à l’eau. Seules les familles riches et/ou rurales mangeaient régulièrement de la viande. Il y a trois repas dans une journée, dont le repas du soir, le deipnon, est le plus consistant. Les Grecs mangent assis sauf lors des banquets où ils mangent allongés sur des banquettes. Réservées aux hommes, ces fêtes se déroulent en deux parties : tout d’abord un repas assez sommaire puis une deuxième partie consacrée à la boisson durant laquelle on discute, on joue au cottabe. Il est rare que ces fêtes dégénèrent. Chaque banquet commence par une libation - offrande liquide - à Dionysos.

Le bronze de Dionysos

Cette statue en bronze mesure 17,5 cm de hauteur. Elle représente un jeune homme tenant un canthare, vase contenant le vin dans sa main droite. Il s'appuie sur la jambe gauche, son front est ceint d'une légère bandelette. Le personnage tourne son visage vers la gauche tandis qu'il déverse le vin contenu dans son canthare. C’est d’ailleurs celui-ci qui nous renseigne sur l’identité du jeune homme qui est en fait Dionysos.

Dionysos est le dieu du vin, de l'ivresse, du théâtre et de la fête. Il est né de l'union de Zeus, le roi des dieux et de Sémélé, une mortelle. Sémélé était l’amante de Zeus, mais Héra, sa femme apprit que Sémélé était enceinte de Zeus. Aussi, elle prit l’apparence de la nourrice de Sémélé lui suggéra de demander à Zeus de se montrer tel qu’il apparaît dans l’Olympe. Zeus, qui lui avait promis de lui accorder tout ce qu’elle voulait, accéda à sa requête, mais Sémélé fut brûlée par la splendeur de Zeus. Pour que l'enfant survive, le roi des dieux l'enfouit dans sa cuisse. D’où l’expression : « se croire sorti de la cuisse de Jupiter » qui signifie être prétentieux. Zeus le cacha ensuite au mont Nysa où les nymphes l'élevèrent. Dès qu'il fut assez grand, Dionysos descendit aux enfers pour ramener sa mère dans l’Olympe où Zeus la divinisa en la rebaptisant Thyoné. Plus tard, Dionysos entreprit un voyage dans le but de répandre son culte dans la Grèce. Il voyageait accompagné d’un cortège.

Grâce à l'apport du vin aux hommes, le jeune dieu inventa le théâtre. Le dieu fut aussi le créateur de fêtes où la violence dépassait l'entendement (les Bacchanales). Il est également appelé Bacchus chez les Romains et plusieurs fêtes et cultes lui sont consacrés.

Le buffet des quatre saisons

Ce buffet en noyer, datant de la seconde moitié du XVIe siècle a été fabriqué en France. On ne connait pas le nom de l’artisan.

Panneau en haut à gauche :
Déméter (Δημήτηρ), symbolisant l’été

Déméter était fille des titans Cronos et Rhéa, déesse de l’agriculture et des moissons, mère de Perséphone. Ses attributs sont : les gerbes de blé, la faucille, le serpent et la corbeille. Déméter et son frère Zeus eurent une fille : Perséphone. Un jour que Perséphone cueillait des fleurs, un attelage somptueux mené par Hadès dieu des enfers, surgit et enleva la jeune fille. Elle cria et sa mère, qui l’entendit, se mit immédiatement à sa recherche. Elle parcourut la terre et la mer pendant dix jours. Inconsolable de la perte de sa fille, Déméter renonça à ses prérogatives divines et décida de demeurer sur terre, jusqu’à ce que sa fille lui soit rendue. C’est ainsi que la terre se transforma en désert et que la famine accabla les hommes et les animaux. Zeus et les autres dieux la supplièrent de laisser pousser les cultures mais elle menaça d'affamer l'humanité si elle ne revoyait pas sa fille. Zeus céda et envoya Hermès, le messager des Dieux chercher Perséphone aux Enfers. Hadès accepta de rendre Perséphone à sa mère mais il lui fit manger quelques pépins de grenades, symbole de l'indissolubilité du mariage. Ravie de revoir sa fille, Déméter s'enquit de savoir si elle avait absorbé quelque aliment aux Enfers : dans ce cas, elle devrait retourner chez Hadès pour toujours. Alors Zeus intervint : il décida qu'elle passerait la moitié de l'année sur l'Olympe et le reste aux Enfers. Depuis, tant que Déméter et Perséphone sont réunies, c’est le printemps et l’été, et lorsque Perséphone s’en va aux enfers, Déméter dépérit et c’est alors l’automne et l’hiver.

Panneau en haut à droite :
Apollon ( Ἀπόλλων), symbolisant le printemps 

Apollon, fils de Zeus et de Léto, une titanide, est dieu du soleil (signe de renaissance et donc de la saison du printemps) et de la musique. Ses attributs sont : lyre, arc, flèches, laurier. Apollon rencontra Cupidon (enfant), dieu de l’amour qui possédait un arc, à qui il dit qu’il ne convenait pas aux enfants d’avoir des armes de cette taille mais à un dieu comme lui, Apollon. Pour se venger, Cupidon tira une flèche qui avait le pouvoir de rendre amoureux sur Apollon, et une autre flèche qui rendait insensible à l’amour sur la nymphe Daphné (les nymphes étant des déesses subalternes de la nature). Apollon tomba alors follement amoureux de Daphné. Daphnée, insensible aux avances d’Apollon, demanda à son père Pénée, le dieu fleuve, de la transformer en laurier pour échapper à Apollon. C’est pour cela que cette plante est l’un des plus grands attributs de ce dieu.

Panneau en bas à gauche :
Dionysos, symbolisant l’automne

On reconnait Dionysos à sa couronne de lierre, au raisin et à la coupe qu’il tient dans sa main. Il représente l’automne car c’est la période des vendanges.

Panneau en bas à droite :
Héphaïstos ( Ἥφαιστος) symbolisant l’hiver

Fils de Zeus et de Héra, Héphaïstos est le mari d’Aphrodite (Vénus), déesse de la beauté. Héphaïstos est le dieu du feu et des forgerons. Ses attributs sont le marteau et l’enclume. Héphaïstos était boiteux, on explique cela par ce mythe : Héphaïstos, né difforme, a été précipité du haut de l’Olympe par Héra, sa mère qui, honteuse, voulait le cacher du regard des autres divinités. Il tomba dans l’Océan où il fut recueilli par Thétis, une Néréide, nymphe des mers, qui l’éleva dans une grotte où il apprit l’art de forger le métal. Sur le buffet, il porte un brasero qui peut faire penser au feu que l’on fait pour se chauffer en hiver.

La jeune bacchante

Ce tableau d’Antoine Coypel, peintre français du XVIIIe siècle, représente une jeune femme presque entièrement nue.

Antoine Coypel est issu d’une grande famille de peintre. Élève de son père, il passa sa jeunesse à Rome. En 1681 il fut reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture et la dirigea en 1714. Premier peintre du roi Louis XV pendant la régence en 1716. Il fut chargé de réaliser les plafonds de la chapelle royale de Versailles. Il forma son fils le peintre Charles Antoine Coypel. Il est caractérisé par son goût pour les sujets mythologiques légers et est influencé par l’art Baroque (courant artistique du XVIe siècle en Italie dont le mot d’ordre était la profusion).

Sur le tableau, les attributs de Dionysos - dieu des vignes et des fêtes - comme la couronne de lierre, la peau de panthère, les grappes de raisin et le masque dionysiaque, présent sur une amphore, nous prouvent que la jeune femme est une bacchante. Les bacchantes étaient des déesses mineures de Bacchus (équivalant latin de Dionysos). Femmes débauchées et folles, elles passaient le plus clair de leur temps à chanter et à danser nues. On leur prêtait une force surhumaine et même le pouvoir de faire couler le vin des arbres. Sur cette peinture, on distingue trois putti, nourrissons ailés à l’air moqueur, ils sont le symbole de l’art baroque et personnifient l’amour. L’un d’eux, blotti contre la bacchante, somnole. Il incarne l’amour qui ne dure que le temps d’une fête. Ceci, associé aux joues rouges et aux yeux brillants de la bacchante, fait penser à un lendemain de bacchanale, ancienne fête romaine érotique où l’alcool coule à flot.

Sous la jambe de la bacchante, on distingue un tambourin. Au XVIIIe siècle, le mot tambourin désigne la danse dans l’opéra. Et le terme bacchanale se met à définir un morceau de musique d’opéra dansé et plus ou moins érotique. Cette œuvre est donc un hommage à la danse et à l’opéra.

Ustensiles de table du XVIIIe siècle (18th century tableware)

Pelles à sel

Ces pelles à sel ont été fabriquées à Darmstadt, en Allemagne. Elles datent du XVIIIe siècle mais il n’y a pas de date précise. En argent doré et longues de 8cm, elles témoignent d’une aisance financière. Au sommet figure un personnage féminin enveloppé d’un simple drap. Ce genre de représentation rappel l’Antiquité. En dessous, un animal marin, dont les écailles sont très finement sculptées, supporte le personnage. Il tient également dans sa gueule le cuilleron en forme de coquille St Jacques. Ce qui est représenté est la naissance de Vénus. Ces pelles à sel sont très différentes de la  production habituelle de l’époque, plutôt non-figurative, et c’est ce qui explique surement sa présence dans le musée.

Le sel est présent dans l’alimentation depuis le Néolithique (environ 6500 ans avant J.C). Durant l’Antiquité, il avait une importance dans la confection de médicaments notamment grâce à ses vertus cicatrisantes. S’il occupe une place importante dans notre alimentation actuelle, son importance était bien plus grande jadis. En effet, en plus de leur donner du goût, le sel conserve les aliments. Dès le XIVe siècle est instituée la gabelle, une taxe qui va faire du sel un produit de luxe. La possession de pelles à sel au XVIIIe siècle signifie donc être riche.

Moutardier à plateau

Le moutardier et son plateau ont été fabriqués à Paris entre 1770 et 1774. Le récipient en lui-même est en verre blanc et est chapeauté par un couvercle évasé avec un bouton au sommet. Le plateau est en argent. Il est orné à chaque extrémité d’une feuille de palmier et d’une coquille de rocaille. On retrouve certains symboles du plateau sur le moutardier, ce qui permet d’affirmer qu’ils ont été fabriqués par le même orfèvre. Encore une fois, la valeur des matériaux peut supposer une aisance financière du propriétaire.

La moutarde est obtenue grâce à un mélange de graines de moutarde broyées, de sel, d’eau et de jus de citron. Son usage date des Romains. Au XVIIIe siècle, la moutarde était un condiment courant chez les riches mais relativement inconnu chez les pauvres. Les pots de moutarde constituaient un des thèmes de collection de prédilection; il n’était donc pas rare de posséder plusieurs moutardiers chez soi.

Pince à sucre

Cette pince à sucre a été fabriquée à Bordeaux par Jacques Roux en 1787-1788. A cette époque, Bordeaux était une ville riche, ou il y avait beaucoup d’orfèvres. Cette pince à sucre en argent est très simple, caractéristique de l’orfèvrerie bordelaise. On a pu déterminer l’orfèvre grâce à son poinçon, c'est-à-dire sa signature, visible à l’intérieure des branches de la pince. De plus, Bordeaux étant une ville portuaire ; elle adopte rapidement le thé et le café dont le sucre est un des principaux accompagnateurs. La multiplication des sucreries qui suivit entraîna avec elle la production de pinces à sucre. Cet objet est donc incontournable dans les salons du XVIIIe siècle.

Au Moyen-âge, l’occident découvre le sucre de canne chez les Arabes lors des croisades alors que l’orient semble le connaitre depuis déjà des millénaires ! Une fois rapporté en occident, ce produit exotique rare sera réservé aux élites chez qui il est utilisé comme monnaie d’échange, épice et médicament jusqu’au XVIIe siècle. Il ne devient une nourriture qu’au XVIIIe siècle, au cours duquel il devient très demandé, entraînant une forte croissance du marché du sucre. Cet essor ne fait cependant pas baisser le prix de cet aliment réservé aux riches.

Cafetière

Cette cafetière a été fabriquée à Dijon en 1783-1784. Elle est en argent, avec un manche en bois. Elle a été fabriquée selon un modèle assez courant au XVIIIe siècle, appelé « modèle marabout ». Les caractéristiques de ce modèle sont un fond plat, un corps piriforme et un couvercle bombé.

Le modèle le plus courant était celui de la cafetière « tripode » qui avait un fond bombé et reposait sur trois pieds. La cafetière mesure seulement une dizaine de centimètre de haut et ne peut contenir qu’une seule tasse de café. C’est pourquoi ce genre de cafetière étaient appelée «  cafetière égoïste ».

Le café a été importé en France par un marchand vénitien au milieu du XVIIe siècle à Marseille. En quelques années l’importation du café d’Egypte se propage et peu après, en 1671, le premier café est ouvert. La mode est bientôt lancée dans la capitale et se repend très vite. La boisson devient la préférée du roi Louis XV, et est répandu dans toutes les classes sociales malgré son prix quelque peu élevé.

Saturday, 20 July 2013

Portrait d’une femme (Portrait of a Lady)


Ce tableau date du XVIIIe siècle. Il n’y a pas de date précise et on ne connait pas le nom du peintre donc on suppose qu’il n’était pas vraiment célèbre. Nous avons seulement pu distinguer sur le tableau le nom de la femme: Bonne de Pons, ainsi que le nom de son mari et les fonctions de celui-ci (il était au srvice du Roi). Avoir son portrait était preuve d'un statut social élevé.

Au XVIIIe siècle, certaines femmes aristocratiques tiennent des Salons. La qualité des invités témoigne de leur influence sociale. Pour accéder à un Salon, il fallait soit être invité par le maître ou la maîtresse de maison, soit être présenté par un habitué, ou bien encore être muni d’une lettre d’invitation ou de recommandation. Une fois que vous êtes nommé invité, vous l’êtes en principe pour toujours. Se rendre dans un Salon est un rituel, c'est-à-dire qu’un jour est désigné dans la semaine où vous êtes invité au Salon.

Dans ces grandes maisons aristocratiques, il y avait des tables de jeux, des gravures, des tapisseries, des tableaux et portraits. Le style Néoclassique dominera de plus en plus. En peinture, les sujets sont inspirés de la mythologie ou de l’histoire Antique.

Le café et le thé sont à la mode dès la deuxième moitié du siècle. Le souper est offert généralement après 22 heures. La femme aristocrate se devait d’être rondelette, elle doit donc beaucoup manger. La nourriture, pour les riches, était abondante et souvent grasse et sucrée avec beaucoup de gâteaux.

La femme du portait a la peau blanche car cela est un critère de beauté. Elle doit se mettre beaucoup de poudre. Elle a les cheveux frisés (c’est peut-être une perruque, ce qui ne serait pas exceptionnel). Elle a une robe typique, c'est-à-dire avec des couleurs vives.