Le XIXème siècle est une période de profonds changements et d’instabilités politiques. L'onde de choc de la révolution française se prolonge jusqu’à la fin du XIXème siècle. L’héritage social et culturel de l’ancien régime est lourd. Là où il y a de l’argent, il y a du pouvoir. Dans cette société, une nouvelle classe apparaît, celle des ouvriers et le XIXème siècle est dominé par les bourgeois. C'est une époque où les pauvres mangent rarement à leur faim...
Le peintre de ce tableau est Alphonse Cornet qui était le
fils d’un artisan riomois. Il a commencé à travailler en tant que peintre
décorateur à Paris, il a fréquenté plusieurs écoles de dessin. Il peint des
natures mortes puis des portraits, de la peinture d’histoire et l’allégorie. Un
de ses tableaux les plus imposant et révolutionnaire à son époque fut « Le
Défilé Des Gueux ». Ce tableau est dans un style naturaliste; l'artiste a le souci de montrer la réalité (même si la scène n'est pas en fin de compte très réelle).
Ce tableau fut peint en 1886 et a été exposé au Salon la même
année. La technique utilisée est l’huile sur toile ; c’est une peinture de
grandes dimensions: 1,37m de hauteur sur 5,90m de longueur. 33 personnages
défilent à l’horizontal dans un décor
dépouillé, devant un mur qui forme l’espace pour qu’il n’y ait pas de
perspective. On établit un mouvement de la droite vers la gauche car tous les
personnages s’y dirigent.
A droite il y a deux hommes porteurs de panneaux
publicitaires, une marchande de limonade, un artiste peintre, un homme tenant
deux petits chiots dans ses bras, un groupe de saltimbanques puis un vieux
marin.
Au milieu, il y a une femme tenant son bébé dans ses bras.
Elle est dépourvu de tout bonheur. Une autre femme pleure son enfant mort par
terre.
A gauche on retrouve un homme accroupi sur sa planche à
roulette, se tenant de ¾, la tête orientée en direction de la Vierge, puis un
homme marche dans une attitude méditative, un homme en blouse avec un foulard
noir, un chiffon portant une botte et un crochet puis vient toute une famille,
un homme poussant une brouette, une jeune femme entourée de quatre enfants (le
plus jeune sur son dos). Une femme en robe élégante portant un pot à lait, une autre
qui transporte un petit arbre, un homme dos au mur qui nous fait face avec son
maillot rayé. Devant, un livreur de charbon, et enfin, un couple âgé, un vieil
homme s’appuyant sur sa femme et sa canne. On aperçoit également un gamin avec
les mains en cornet qui est en tête du défilé. Puis un chanteur avec sa guitare
qui semble inciter les autres à avancer.
Au-dessus de la femme qui ressemble par sa posture à la Vierge
Marie est écrit : « AVE REGINA MISERI TE SALUTANT» qui signifie « SALUT REINE,
LES MISÉRABLES TE SALUENT ». Sur les murs il y a des affiches où on peut lire,
entre autre, l'ironique : « LA VIE JOYEUSE ».
La toile représente un défilé de personnes qui sont tous dans
un état lamentable. Certains semblent fatigués, d’autres peuvent à peine
marcher ; ils sont dans des conditions misérables. Ce tableau est
gigantesque et c’est très rare pour un peintre de représenter des personnes de
ce statut social dans un aussi grand tableau car, à l’époque, des tableaux de
cette taille était uniquement réservés aux portraits de riches bourgeois. C’est
très ambitieux de la part du peintre de donner autant d’importance à des gueux
qu’à des bourgeois. Ce tableau nous montre comment était traité la classe
ouvrière au XIXème siècle ; ce défilé nous montre une très grande
diversité de personnes pauvres, certaines s’entraident pour avancer ; ils
font preuve d’un immense courage car ils savent bien que ce voyage sera
sûrement le dernier car ils sont épuisés, mourants, à bout de souffle… On peut observer des cadavres dans la rue. Avec
cette œuvre, Cornet souligne le courage, la combativité de ces pauvres face à la
mort.
L’artiste s’est inspiré de différents poèmes évoquant les années
sanglantes des années 1870 et la misère des travailleurs. Le peintre a peint
cette œuvre pour dévoiler la pauvreté de l’époque.
The 19th century is a period of profound
changes and political instability. Though the French revolution ended in 1793,
its shockwave extended to the end of the 19th century. The working
class appeared, dominated by the bourgeois. The poor often went hungry…
The painter of
this work is Alphonse Cornet who was the son of a craftsman from Riom. He
started to work as a painter in Paris; he attended several art schools. He
painted still lives, then portraits, history painting, and finally allegories.
One of his most important pictures was the Procession of the Poor. It is in a
naturalist style (it tries to show reality) though in the end it is hardly very
realistic…
This picture
was painting in 1886 and was exposed the same year at the Salon. The technique
is oil on canvas. It’s a very large painting: 1m37 tall and 5m90 long. There are
33 characters who parade past us from right to left in front of a wall that
shuts up the space.
There are two
men carrying billboards, a lemonade maker, a painter, a man who holds two
little dogs in his arms, a group of acrobats, and then an old sailor. In the
middle, there is a woman holding her very ill-looking baby in her arms. She is
devoid of all happiness. There is another woman who cries next to her dead
child lying on the ground. On the left there is a lame man, his head turned to
the central figure, then a man who walks in a meditative attitude, a man with a
blouse and a scar, a young woman surrounded by four children, a woman in an elegant
dress carrying a milk jug, and another carrying a little tree. In front, there
is a delivery man and an old couple. We also see a child leading the procession. Then a singer with his guitar that seems to encourage the
others to move forward. Above the woman who is like the Virgin Marie is written:
“AVE REGINA MISERI TE SALUTANT”, which means: “HAIL, QUEEN, THE BEGGARS SALUTE
YOU”. On the wall there are also several posters, one of which ironically says “LIFE
IS HAPPY”.
The painting depicts a parade of poor people with no hope who are in a
deplorable state. Some seem tired; others can barely walk and are in miserable
conditions. It was rare for a painter to represent the poor in such a large work
(usually it was history paintings that were this big). It shows how the working
class was treated in the 19th century.
The artist was inspired by various literary works that evoked the violence
of the 1870s and the misery of marginalized workers. We can but admire Cornet’s
courage for painting this work which condemned the misery of the poor, which
was almost a call to revolutionary…
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