Le tableau et
la situation historique
Matinée de
Septembre d’Ernest-Victor Hareux,
peintre du XIXème siècle, s’inspire en particulier de Courbet qui fait partie
du Réalisme. Il peint principalement des paysages. Cette œuvre est parue au
Salon de 1884, sous la IIIème République et le Second Empire, ce qui montre sa
valeur, car, à l’époque, pour espérer une carrière d’artiste, il fallait
absolument passer par le Salon. Le Salon est une exposition de peintures
choisies par un jury qui applique les règles de l’Académisme, le style
traditionnel classique du XIXème.
L’opposition
artistique entre Réalisme et Classicisme
Pendant la IIIème République et le Second Empire, il y
a une opposition artistique entre le Réalisme (qui représente un art vivant,
évoquant des choses réelles et existantes comme le monde du travail, la vie
provinciale ou urbaine, la misère) et le Classicisme (qui reproduit des scènes
harmonieuses, mesurées, avec raison et modération, et une influence
gréco-latine et religieuse ; les corps sont idéalisés, rendus plus beaux
qu’ils ne le sont ; les personnages sont hiérarchisés). Parmi eux, on
trouve Dominique Ingres qui a peint cette toile nommée « Homère
déifié ». On peut voir le contraste flagrant, par le fait que Matinée de
Septembre représente deux paysannes en train de s’occuper de leur jardin, une
s’occupe des choux, l’autre lui parle. Autour d’elles, on peut voir un simple
potager, le soleil et un village. Alors que le tableau classique « Homère
déifié » représente le poète Homère se faisant décoré d’une couronne de
lauriers par une Victoire, il a la place d’un Dieu. Les deux femmes à ses pieds
représentent l’Iliade (celle qui a une épée) et l’Odyssée (celle qui possède
une rame). On peut donc très bien percevoir les éléments antiques et religieux.
De plus, à gauche, le poète tragique Eschyle tient un rouleau de parchemin et à
droite le sculpteur Phidias tient un maillet. Au fond on peut distinguer un
temple grec. On discerne donc bien la différence entre le premier tableau qui
représente une scène simple du quotidien avec des personnages ordinaires et un
petit village, et le second qui dépeint une scène de couronnement avec des
individus connus et un temple imposant grec pour fond.
Une
description approfondie de Matinée de
Septembre
Au premier plan, deux paysannes sont en train de faire
la récolte : une première ramasse et cultive les choux pendant que la
seconde lui parle, s’appuyant sur une barrière. Elles possèdent un potager pour
pouvoir se nourrir ainsi que le village. Elles sont idéalisées : on
pourrait penser que la paysannerie est facile et reposante alors qu’à cette
époque, malgré une révolution agricole où les conditions de travail
s’améliorent, cela reste tout-de-même un travail. Les arbres possèdent quelques
feuilles, c’est le début de l’automne.
Au second plan, le village, situé à côté du champ des paysannes, se
réveille. Une cheminée fume. C’est un
petit village assez rustique d’où on peut supposer que c’est peut-être celui de
paysans. A l’arrière-plan, le Soleil se lève dans le ciel éclairant la matinée,
le ciel est gris et humide. A droite, l’Eglise sonne pour la première fois de
la journée l’Angélus, qui est un hommage aux morts que pratiquent les paysans.
Pourquoi Matinée de Septembre est une œuvre
réaliste ?
En effet le Salon du XIX, privilégie la peinture
historique et antique à la réalité, c’est-à-dire, tout ce qui est monde paysan
ou pauvre, qui sont jugés indignes de figurer sur une toile. A cette époque, le
plus important acheteur est le bourgeois qui impose ses règles au peintre,
auxquelles il doit se plier pour pouvoir vendre et gagner sa vie. La peinture
devient alors très commerciale, le statut de classe des bourgeois exigeant qu’ils aient de l’art chez
eux. Le mouvement réaliste montre la misère telle qu’elle est, avec une
négation de Dieu et de la religion c’est-à-dire une absence de spiritualité.
Or, dans cette peinture, les paysannes sont idéalisées, ce qui est typique du
genre classique, et on peut apercevoir une Eglise au loin, qui appelle à
l’Angélus. Il y a donc une connotation religieuse. De plus, Matinée de Septembre appartient à la fin
du XIXème siècle où les règles du Réalisme sont devenues plus vastes et libres,
et où la présence de la religion ne signifie pas pour autant que c’est un
tableau classique. En conclusion, la paysannerie étant l’unique thème du
tableau et celui-ci représentant une scène simple du quotidien sans personnages
célèbres, c’est donc un tableau entièrement réaliste, accepté par le Salon (qui
habituellement rejetait les œuvres
réalistes) pour son idéalisation (le fait de rendre quelque chose plus
beau, moins dur que la réalité) sa piété et car, à la fin du siècle, le Salon
était plus indulgent.
La
révolution agricole
Le début du siècle est marqué par la révolution
industrielle qui favorise l’intensification de la production agricole, on
découvre des procédés de conservations (surgélation) qui permettent de
conditionner un grand nombre d’aliments frais sous forme de conserves ou de
surgelés. L’évolution des mœurs et de la société caractérisées par la
dégradation de la fonction de maîtresse de maison et l’émancipation féminine,
favorise le développement de l’industrie du « prêt à manger » alimentaire
(plats cuisinés, restauration collective). Le développement des transports et du
commerce mondial permet non seulement de généraliser la consommation de
produits exotiques (oranges, pamplemousses, bananes, arachides, cacao, café,
thé..) mais aussi de désaisonnaliser la production de produits frais (fraises
et framboises à Noël, pommes et raisins au printemps..).
La
nourriture des paysans
L'alimentation des paysans est peu variée.
La base de la nourriture des paysans est constituée de fèves, lentilles, pois
chiches, épinards, courges, choux, oignons, ail, poireaux, navets, panais ( une
sorte de carotte mais en plus volumineux, se cuisine de la même manière) mais
aussi de quelques fruits, et des ressources du poulailler. Les végétaux
forment les ingrédients variés des soupes qui sont un plat quotidien avec
le pain. Cette alimentation est monotone et peu équilibrée. Les fruits
étaient fraises, mûres, cerises ... Uniquement lors de manifestations
particulières, fêtes, noces, baptêmes, des repas spéciaux étaient
cuisinés. Chez les paysans plus aisés, on fait les "grasses
soupes" : tranches de pain blanc et de fromage trempées dans du bouillon
et on peut se nourrir avec les produits de la ferme : lait, lard,
légumes, œufs, poulets, oies. Avec la culture des jardins, les paysans
pourront avoir des fèves, des choux, des oignons, de l'ail, des panais,
des navets, des artichauts puis des pommes de terre, des tomates et des
haricots verts rapportés d’Amérique. On boit beaucoup de lait,
on mange du fromage frais ou caillé et très rarement de la viande, on utilise le
beurre, l'huile. Le sel, qui est cher, est surtout utilisé pour la salaison.
Les herbes aromatiques
tiennent une place importante dans la cuisine paysanne. La menthe, la sauge, le
romarin, le persil sont utilisés. En ce qui concerne la pâtisserie, ils
mangeaient du pain d'épice, des tartes aux fruits ; des gaufres, des
crêpes, des galettes des rois, des brioches,
des clafoutis et des confitures.
The painting and the historical situation
September Morning by Ernest Victor Hareux, a 19th
century landscape artist, was inspired by Courbet. This painting was hung at
the 1884 Salon, which shows it was well considered at the time. The paintings for
the Salon were selected by a jury applying the rules of academism, the conventional
rules of the art Academy. The Salon favoured grand historical painting. The
peasantry and the poor were less interesting as themes. But, the bourgeois
started to buy more works of art and they wanted to show their paintings in
their homes. So, smaller, cheaper, and less grandiose art became more acceptable.
Simple scenes of everyday life became common at the Salon by the end of the
century.
The artistic opposition between Realist and Classical
At that time, there
was an opposition between Realism (which evoked real situations such as people
working, provincial and urban life, and poverty) and Classicism, influenced by
Antiquity and religion, which depicted harmonious scenes and idealized bodies.
Dominique Ingres was a famous Classical painter. September Morning is a work of Realism. It
shows two anonymous farmer workers in a vegetable garden. One of them is
picking cabbages whilst the other is resting, arms on the fence, probably talking.
The scene is simple: two women, a vegetable patch, a pale autumn sun, the humble
village in the background. Despite the agricultural revolution, and improving working
conditions, farming remains tiring work. The poverty of their existence is
shown. On the right, we can imagine the church bells ringing out the Angelus.
Agricultural progress
The beginning of
the century was marked by the industrial revolution which needed the
intensification of agricultural production. Food conservation was improved
(deep-freezing and canning). Readymade foods, restaurants and catering freed
some women from house chores. Thanks to the improvements in transport, people
discovered exotic produce (oranges, bananas, peanuts, cocoa, coffee, tea, etc.)
and had more fresh foods. Food was far less
varied than today. The basic peasant food consisted of beans, lentils,
chickpeas, spinach, squash, cabbage, onions, garlic, leeks, turnips, parsnips,
but also some fruit, eggs, sometimes chicken. Soup was the daily dish, served with
bread. Special meals were cooked at special events: parties, weddings,
christenings. Wealthier peasants had white bread, milk, butter and cheese, bacon,
goose. Some had beans, cabbage, onions, garlic, parsnips, turnips, artichokes
and potatoes, tomatoes and green beans from America. Meat was rare. Salt, which
was expensive, was mainly used for curing. Herbs were important: mint, sage,
rosemary, parsley, chervil. The pastry was gingerbread, fruit pies, waffles, pancakes,
and there were jams.
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